Le quatrième numéro de la revue transdisciplinaire et multilingue Quaderna portera
sur le thème « ‘Found in (Mis)Translation’ : les impondérables de la
(mé)traduction ». Nous invitons tous les chercheurs intéressés par le
sujet à envoyer leurs propositions aux responsables de ce numéro à
paraître courant 2018. Les contributions peuvent provenir des différents
champs disciplinaires (littérature, civilisation/histoire,
philosophie/histoire des idées, linguistique/didactique) et
linguistiques (français, anglais, allemand, espagnol, italien) couverts
par la revue ; elles peuvent être rédigées, au choix, dans l’une des
langues susmentionnées.
Argument
Selon sa
définition convenue, consignée dans les dictionnaires, le terme de
« mistranslation » désigne tout simplement une traduction erronée, une
« faute » de traduction. Toutefois, en suivant l’idée d’une possible productivité
de l’erreur, une partie de la traductologie contemporaine a conféré un
sens moins restrictif à ce concept pour interroger la limite séparant la
« bonne » de la « mauvaise » traduction. Ces approches s’intéressent,
d’une part, à la subjectivité du traducteur, à la traduction comme acte
interprétatif, voire créatif, en mettant en cause la vision manichéenne
qui sous-tend le préfixe « mis- ». D’autre part, ces recherches
analysent les effets (im)prévus que certaines traductions « actives »
ont pu avoir dans l’histoire, en soulignant la dimension performative de
celles-ci. En effet, quelle que soit la manière dont on évalue une
(mé)traduction donnée, ses répercussions sur l’histoire politique,
intellectuelle, littéraire peuvent être spectaculaires. À titre
d’exemple, on pourrait citer le cas de la Dépêche d’Ems de 1871, dont la
traduction est inséparable du déclenchement de la Guerre
franco-prussienne, ou bien l’usage créateur que Borges fait de la
« métraduction », à partir des années 1920, dans le contexte de la
fondation d’une tradition littéraire argentine. D’autres exemples, comme
la réception internationale du terme de « littérature mineure » forgé
d’après Kafka, pourraient compléter cet aperçu de la problématique que
notre numéro thématique vise à approfondir.
Axes envisagés
En suivant ce
cadrage, l’étude de la problématique des « mis-translations » pourrait
se faire selon plusieurs axes dont voici une sélection :
Approches littéraires :
- la polysémie du texte littéraire et la subjectivité du traducteur
- fidèle/infidèle : le dilemme du traducteur littéraire
- la réception des « mistranslations » et la constitution des traditions interprétatives
Histoire des idées/philosophie :
- la « mistranslation » et l’histoire des concepts
- traduction et contre-traduction en philosophie/histoire des idées
- peut-on (mé)traduire les textes sacrés ?
Civilisation/histoire :
- performativité et impact social de la traduction
- la traduction comme action et manipulation politique
- la métraduction et les conflits guerriers
Linguistique/didactique :
- traduction et créativité
- la problématique de l’erreur en traduction
- la définition de la « mistranslation » en fonction des genres textuels
La sélection des
contributions se déroulera en deux étapes : dans un premier temps, nous
vous invitons à nous transmettre un projet d’article sous forme de
résumé d’environ 300 mots accompagné d’une brève notice
bio-bibliographique ; après la pré-sélection des propositions en
fonction de leur intérêt, de leur qualité et de l’équilibre général du
numéro envisagé, nous inviterons les chercheurs retenus à nous envoyer
leurs contributions intégrales, lesquelles seront soumises à une double
évaluation à l’aveugle (peer-reviewing).
Calendrier
- avant le 1er juin 2017 : envoi des propositions sous forme de résumés
- avant le 1er juillet 2017 : pré-sélection des propositions par le comité de rédaction de la revue
- avant le 1er janvier 2018 : envoi des textes achevés (autour de 40000 signes/6000 mots)
- avant le 1er juin 2018 : peer-reviewing/validation des contributions et préparation à la publication
Les propositions d’une page maximum incluant une brève notice biobibliographique sont à envoyer à sylvie.lemoel@u-pec.fr et weissmann@u-pec.fr (rappel de la date-limite : 1er juin 2017)
Pour des indications bibliographiques voir en bas du document
Call for Papers for Quaderna issue #4
« Found in (Mis)Translation »: les impondérables de la (mé)traduction
edited by Sylvie Le Moël and Dirk Weissmann
The fourth issue of the multilingual transdisciplinary journal Quaderna, “Found in (Mis)Translation,” will explore the contingencies of mistranslation. We invite scholars to send their abstracts to the editors by June 1st, 2017. Quaderna 4
will be published in 2018. Contributions may bear on different
disciplinary fields (literature, civilization/history,
philosophy/history of ideas, linguistics/didactics) as well as on the
different linguistic domains of the journal (English, French, German,
Italian, Spanish). Essays can be written in one of the aforementioned
languages.
According to
dictionary definitions, the term “mistranslation” merely means an
erroneous or faulty translation. However, bearing in mind the
possibility that every translation mistake has a silver lining,
contemporary translation scholars have adopted a less restrictive stance
on the concept of (mis)translation by exploring the moving boundaries
between “good” and “bad” translations. On the one hand, new theoretical
approaches are focusing on the subjectivity of the translator, on
her/his interpretative or even creative work, therefore undermining the
strict binary implications of the prefix “mis-.” On the other, recent
research also bears on the unpredictable effects that some “active”
translations have had in history, thus stressing their performative
dimension. Judging the quality of a (mis)translation is one thing,
assessing the spectacular effects it may have on political,
intellectual, and literary history is another matter. One example is the
1871 Ems Dispatch and its translation mistake which contributed to the
declaration of the Franco-Prussian War; another one is Borges’s creative
use of (mis)translation from the 1920s onwards in the service of
inventing a literary tradition in Argentina. Other examples, such as the
international currency of the term "minor literature" borrowed from
Kafka, can also be summoned in this quick overview of the rationale of
this forthcoming issue of Quaderna.
Possible approaches
Literature:
- the polysemy of literary texts and the translator’s subjectivity
- high/low fidelity: the literary translator’s dilemma
- “mistranslations,” reader response, and interpretative traditions
History of ideas/Philosophy:
- “mistranslation” and the history of concepts
- competing translations in the history of philosophy/history of Ideas
- can sacred texts be mistranslated?
Civilization/history:
- performativity and the social impacts of translation
- translation as political maneuvering
- mistranslation, political conflicts, and wars
Linguistics/Didactics:
- translation and creativity
- the analysis of translation mistakes
- the definition of “mistranslation” in relation to literary genres
We invite scholars to send us a 300 word abstract with a short bio-bibliography.
Abstracts will be considered in relation to
their relevance to the questions at hand and to the theoretical,
linguistic and geographical balance the editors wish to establish for
this issue. The authors of the selected abstracts will be notified so
that they can send their full essay for peer-review.
Calendar
- June 1, 2017: abstract submission
- July 1, 2017: pre-selection of abstracts by Quaderna’s editorial committee
- January 1, 2018: essay submission deadline (40000 characters/6000 words)
- June 1, 2018: peer review results due, approval of contributions; preparation for publication.
Abstracts (along with a short bio-bibliography) are to be sent to sylvie.lemoel@u-pec.fr and weissmann@u-pec.fr (deadline: June 1st, 2017)
- Emily Apter, The Translation Zone: A New Comparative Literature, Princeton, Princeton University Press, 2006.
- Roger
Baines, « The Journalist, the Translator, the Player and His Agent:
Games of (Mis)Representation and (Mis)Translation in British Media
Reports about Non-Anglophone Football Players », in : Rita Wilson/Brigid
Maher (ed.), Words, Images, and Performances in Translation, London, Continuum, 2011, p. 100-118.
- Brian
James Baer, « Oppositional Effects: (Mis)Translating Empire in Modern
Russian Literature », in: Dimitris Asimakoulas/Margaret Rogers (ed.), Translation and Opposition, Bristol, Multilingual Matters, 2011, p. 93-109.
- Alan Bass, « On the History of a Mistranslation and the Psychoanalytic Movement », in: Joseph H. Graham (ed.), Difference in Translation, Ihtaca/London, Cornell University Press, 1985, p. 102-141.
- Anna Brickhouse, The Unsettlement of America: Translation, Interpretation, and the Story of Don Luis de Velasco, 1560–1945, Oxford, Oxford University Press, 2014.
- François Cusset, French Theory: Foucault, Derrida, Deleuze & Cie et les mutations de la vie intellectuelle aux États-Unis, Paris, La Découverte, 2003.
- Jacques Derrida, Qu’est-ce qu’une traduction « relevante » ?, Paris, L’Herne, 2005.
- Harald Kittel (ed.), Übersetzung, Translation, Traduction, Berlin/New York, De Gruyter, 2007
- Gabriele Leupold/Katharina Raabe (ed.), In Ketten tanzen, Übersetzen als interpretierende Kunst, Göttingen, Wallstein, 2008.
- Christine Lombez/Rotraut von Kulessa (ed.), De la traduction et des transferts culturels, Paris, L’Harmattan, 2007.
- Peter Newmark, About Translation, Clevedon, Multilingual Matters, 1991.
- Erich Prunč, Entwicklungslinien der Translationswissenschaft. Von den Asymmetrien der Sprachen zu den Asymmetrien der Macht, Berlin, Frank & Timme, 2007.
- Mohammad
Saleh Sanatifar, « Lost in political translation: (Mis)translation of
an intertextual reference and its political consequences: the case of
Iran », The Journal of Specialised Translation, 24 (2015), http://www.jostrans.org/ issue24/art_sanatifar.php.
- Christina Schäffner, « Political Discourse from the Point of View of Translation Studies », Journal of Language & Politics, 3 (2004), p. 117-150.
- Sergio Waisman, Borges y la traducción, Buenos Aires, Adriana Hidalgo, 2005.